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Kokopelli est une association à but non lucratif, fondée en 1999 par Dominique et Sofy Guillet, et qui a pris le relais de Terre de Semences et du Jardin Botanique de la Mhotte fondés, dans l'Allier, respectivement en 1992 et en 1994.
Les militants de l’association œuvrent pour la Libération de la Semence et de l’Humus et la Protection de la Biodiversité alimentaire, en rassemblant tous ceux et toutes celles qui souhaitent préserver le droit de semer librement des semences potagères et céréalières, de variétés anciennes ou modernes, libres de droits et reproductibles. Et en rassemblant aussi tous ceux et toutes celles qui souhaitent continuer à chuchoter, à l’oreille de leurs voisins, les recettes des purins de plantes (ortie, prêle...) et d'autres ingrédients naturels et peu onéreux, sans se voir accusés de concurrence déloyale envers les multinationales vendeuses de poisons, celles qui s'autoqualifient de "sciences de la vie", celles-là même qui détruisent inexorablement et impunément la biosphère, incluant l'humanité, depuis des dizaines d'années, celles-là même qui ont fait de notre belle planète, la Terre, une poubelle génératrice de cancers.
* Des enfants épanouis et solidaires, qui commencent à lire, multiplier ou diviser dès la maternelle. Ce sont les résultats étonnants d’une expérimentation menée entre 2011 et 2014 dans une classe de Gennevilliers, en banlieue parisienne, en zone prioritaire d’enseignement.
* Pendant trois ans, Céline Alvarez a tenté de mettre en pratique dans une école publique les principes de la pédagogue Maria Montessori, enrichis avec les neurosciences et la linguistique française. Un bouleversement des pratiques traditionnelles des enseignants, pour repenser l’école sur la base de la confiance. Malheureusement, le ministère de l’Education nationale ne lui a pas permis de poursuivre cette expérimentation. Entretien et vidéos
Bastamag.net : Quelles compétences ont été développées par les enfants de votre classe de Maternelles, à Gennevilliers, entre 2011 et 2014 ?
* Céline Alvarez(1): Dès la première année, tous les enfants, suivis par le CNRS, ont progressé plus vite que la norme, sauf un qui était l’enfant le plus absent. Ils sont entrés très facilement dans la lecture, ont fait des mathématiques, des divisions, des soustractions. Dans certains domaines, en conscience phonologique, c’est-à-dire la capacité d’entendre les sons dans les mots, en mémoire de travail [notre capacité à retenir sur du court terme], ils étaient très au dessus de la norme. Une petite fille, à quatre ans, avait 28 mois de retard par rapport à la norme en mémoire de travail. En six mois, elle a non seulement rattrapé ces 28 mois de retard, mais elle a eu 8 mois d’avance !
*Un développement social s’est aussi mis en place. Les enfants étaient capables d’avoir des relations sociales plus harmonieuses. Ils ont fait preuve d’une grande capacité de résolution de conflits et développé plus d’empathie. Ils contrôlaient mieux leurs émotions. D’après les témoignages des parents, ces enfants étaient heureux, épanouis, généreux, enthousiastes, solidaires.
*Ces résultats ne sont pas là parce que je suis une enseignante merveilleuse ou parce que les enfants sont extraordinaires ou à haut potentiels. Non, on a testé leur QI : ils n’étaient pas plus élevés que la normale. Ce sont simplement des êtres humains qui ont été replacés dans un contexte favorable où on marchait dans le sens des lois de la vie, plutôt que dans un contexte où l’on lutte contre.
En vidéo : du côté des enfants
Comment a démarré cette expérience d’enseignement ?
*Je n’ai jamais souhaité être enseignante. Ma démarche était de mettre un coup de pied dans la fourmilière et de dire : avec 40% d’échec scolaire chaque année à la sortie du CM2, on s’est trompés, ça suffit !
*J’étais profondément indignée par le système scolaire français. Ses mauvais résultats s’expliquaient parce qu’il n’a jamais été fondé sur la connaissance des mécanismes d’apprentissage et d’épanouissement de l’être humain. Et si nous repensions la classe en fonction de ces mécanismes, que se passerait-il ? On verrait les enfants épanouir des compétences cognitives et non cognitives extraordinaires ! C’était le postulat de Maria Montessori. J’ai naturellement repris ses travaux que j’ai enrichis avec les neurosciences et la linguistique française.
* J’ai souhaité mener ce travail de recherche au sein de l’éducation nationale. J’ai donc passé le concours de l’éducation nationale. C’était simplement pour moi la meilleure façon d’infiltrer le système. Une fois le concours en poche, je suis allée taper aux portes des ministères pour leur demander de me laisser une carte blanche pédagogique.
* En 2011, le conseiller éducation de Nicolas Sarkozy puis le cabinet de Luc Chatel et la Direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO), à l’époque, ont été très attentifs à ma posture : la seule voie pour l’éducation de demain, c’est la voie scientifique, c’est comprendre quels sont les besoins de l’être humain. Il faut qu’on construise l’environnement scolaire autour de ça. La classe s’est ouverte en quelques mois.
Sur quels grands principes repose votre enseignement ?
* J’ai repris les travaux de Maria Montessori, ses grands principes et je les ai traduits et enrichis à la lumière des neurosciences cognitives, affectives et sociales.
* Le premier de ces grands principes, c’est la plasticité cérébrale. Entre 0 et 5 ans, l’être humain possède une capacité cérébrale extraordinaire. Cela ne signifie absolument pas qu’il faille trop stimuler les enfants. Mais plutôt que leur environnement doit être riche, avec de grandes opportunités d’interactions langagières, soutenues et d’une grande variété.
* Ainsi, dans une même classe, il ne faut pas qu’un enseignant parle à 30 enfants du même âge.Mais plutôtdes enfants d’âges différents, plus âgés, qui vont pouvoir parler à d’autres enfants. A la verticalité, il faut préférer l’horizontalité. Les enfants sont autonomes et peuvent parler ensemble toute la journée. Ce qui permet aux petits de développer beaucoup plus rapidement leur langage. Mais c’est aussi leur offrir une grande diversité culturelle : de la géographie, de la géométrie, des mathématiques, des occasions d’apprendre à lire et à écrire. Mais tout ça en suivant le moment où ils ont décidé de le faire et en le faisant de façon sensorielle.
* C’est le deuxième grand principe : l’enfant est dans une période sensorielle. Cela ne sert à rien de lui dire : il faut faire ci, il faut faire ça. Il doit l’expérimenter lui-même. C’est ainsi que son cerveau va pouvoir se câbler. La lecture, les mathématiques, sont exercés par un biais sensoriel. L’enfant doit être actif. La classe lui offre des activités qui engagent leur concentration profonde et une répétition.
* Le troisième principe, c’est que le cerveau humain apprend avec l’autre. L’apprentissage doit être horizontal : les enfants peuvent apprendre les uns des autres. Mais uniquement quand il y a une relation positive et bienveillante, pas dans une situation de stress, de compétition, ou de comparaison. Le climat doit être celui de la coopération, extrêmement bienveillant et aimant, et non jugeant. Il ne s’agit pas de juger positivement les enfants, mais de ne pas les juger tout court. C’est ni bien, ni mal, c’est ce que c’est. L’important est que l’enfant prenne du plaisir. Et l’instituteur doit encourager ce plaisir.
Concrètement, dans vos classes, comment étaient mis en œuvre ces grands principes ?
* Tout d’abord, il n’y avait pas un seul niveau d’âge, mais deux ans de différence d’âges. C’est ce qui motivait les enfants. Certains «petits » se disaient : «whaou ; moi-aussi je vais être capable de faire ça, apprends moi». Il va rester près du grand, le grand va être intéressé pour le montrer au petit. Cela crée une émulation sociale autour des apprentissages avec laquelle aucun enseignant ne peut entrer en compétition.
* Ensuite, les enfants étaient autonomes. De 8h30 à 16h00 le soir, ils choisissaient librement leur travail dans un cadre très structuré où les règles étaient très explicites. Ils pouvaient répéter ces activités autant de fois qu’ils le souhaitaient. Ils prenaient confiance en eux. Un enfant à Gennevilliers pouvait faire 4/5/6 activités. Ou alors une seule ou deux, parce qu’il était passionné par ce qu’il faisait.
* Dans une classe traditionnelle, les enfants ne choisissent pas leur travail. C’est une activité le matin puis ils changent de groupe. Puisque l’activité est imposée, la plupart du temps les enfants ne sont pas motivés. Ils vont faire leur affaire le plus vite possible pour rejoindre le coin bibliothèque, ou le coin construction. A l’inverse, quand ils choisissent ce qu’ils veulent faire, les enfants sont passionnés, ils prennent confiance en eux... Cela leur donne des ailes !
* Un autre paramètre pratique mis en place est l’accompagnement individuel : l’adulte va avoir tout son temps pour les enfants qui vont le demander. Les autres sont actifs. Dans une classe traditionnelle, on ne peut pas individualiser. Les enfants ont besoin de l’adulte en même temps. C’est épuisant !
* Une autre chose, c’est la disponibilité, la bienveillance rendue possible par l’enseignant qui est moins dans une posture de stress. Ces conditions lui permettent à lui aussi de prendre plus de plaisir, et de faire réellement son travail d’accompagnement auprès des enfants.
Vous estimez que dans une classe traditionnelle, le plus souvent, le modèle d’enseignement proposé par l’ institution entrave les potentialités de l’enfant. Pourquoi ?
* Par exemple, le problème de illettrisme est un non sujet. C’est juste que la plupart des outils que l’on donne aux enseignants entravent l’élan spontané d’écriture et de lecture des enfants, les enseignants s’épuisent et les enfants aussi. On ne connaît, ni n’utilise les leviers de l’intelligence humaine. Par exemple, il faut permettre à l’enfant de faire ses propres expériences, en confiance, au moment où l’envie surgit, et toujours dans une relation à dimension humaine, plutôt qu’une relation à dimension didactique.
Pourquoi votre expérience a-t-elle pris fin ?
* En 2012, lorsque le gouvernement est passé à gauche, le ministère de l’Éducation nationale n’était plus favorable à cette démarche. Il avait plutôt tendance à dire que quand on fait des expérimentations, on prend les enfants pour des cobayes. C’est aberrant : actuellement, tous les enfants de France sont des cobayes de méthodes qui n’ont ni été scientifiquement fondées, ni scientifiquement validées.
* J’ai passé les deux dernières années à me battre contre l’Institution. Les tests que je faisais passer en classe m’ont été interdits. Donc j’ai dû désobéir et les faire passer sur le temps scolaire avec la complicité des parents et d’un psychologue. Ce qui m’a valu de passer à côté de blâmes, de conseils disciplinaires. J’ai reçu de nombreuses menaces et humiliations...
* Mais j’ai souhaité tenir pour arriver à la fin d’un cycle complet et pour accumuler de la matière à exploiter ensuite.
* La 3ème année, on m’a annoncé que mon matériel allait être retiré à la rentrée 2014. On m’a dit que je devais faire comme tout le monde, enseigner de façon traditionnelle si je souhaitais rester. Cela n’avait aucun sens pour moi, j’ai donc démissionné.
* Dans ma fiche d’inspection, il était écrit qu’il était très clair que les enfants de cette classe étaient en très grande réussite scolaire. «Tout ce qui est attendu de la maternelle est là, voire plus que là». Mais c’est justement ce qui pose problème pour leur intégration, pour la suite de leur parcours scolaire ! m’a-t-on dit.
En vidéo : du côté des parents
Si les méthodes que vous décrivez sont si fructueuses pour le développement et l’épanouissement de l’enfant, pourquoi ne sont-elles pas plus mises en œuvre par le corps enseignant ?
*La première raison tient au fait que les enseignants ne connaissent pas forcément ce genre de démarche qui vise à autonomiser les enfants. La formation initiale est d’une pauvreté affligeante. On devrait pouvoir donner aux enseignants les grands invariants théoriques des mécanismes d’apprentissages humains et leur permettre de trouver des axes pratiques les plus cohérents en fonction de leurs moyens de terrain. L’un de ces invariants est par exemple que l’être humain apprend dans l’amour et la confiance, pas dans le stress. Cela parait simple mais cela remet en cause de nombreux paramètres traditionnels d’enseignement. L’école n’est tout bonnement pas pensée sur la base de la confiance.
Mais pour mener votre expérience, vous avez bénéficié de matériels Montessori importants. Est-ce que ces moyens ne limitent pas la reproductibilité de votre démarche dans l’ensemble du système éducatif ?
*Absolument pas. Comme je l’explique sur le blog, il ne s’agit pas d’avoir du matériel spécifique. Un matériel didactique plus spécifique peut entrer progressivement et dans un second temps. Le plus important est le changement de posture de l’adulte vers l’enfant et le réaménagement de l’environnement de la classe pour permettre l’autonomie des enfants. Les enseignants peuvent commencer avec le matériel dont ils disposent déjà.
* Je viens d’accompagner 220 enseignants de maternelles publiques, certains accompagnés de leur Atsem, pour mettre en place un tel dispositif sans ou avec peu de moyens. Je crois qu’ils sont repartis enthousiastes et motivés. Ils sont décidés à changer leur pratique pour une démarche pédagogique plus "physiologique" et donc plus respectueuse.Ce sont des pionniers, ils vont ouvrir un nouveau chemin pour l’école dès cette rentrée. Je suis certaine qu’ils seront suivis par de nombreux autres à la rentrée suivante.
(1) Céline Alvarez a démissionné de l’éducation nationale en 2014, trois ans après avoir débuté une expérimentation des principes développés par Maria Montessori et des apports des sciences cognitives, affectives et sociales, et de la linguistique, en maternelle, à l’école publique Jean Lurçat de Genneviliers. Elle termine la rédaction d’un ouvrage à partir de son expérience, qu’elle a choisi de diffuser auprès des enseignants, à travers son site Internetet des journées d’accompagnement.
Une douzaine de paysans a ouvert en août un point de vente collectif près de Lille, Talents de ferme. Pour vendre leurs produits, bien sûr, mais aussi pour s’opposer aux dérives marketing d’un avatar commercial local détournant la notion de circuits courts.
*Tout commence l’été 2009, lorsque des échos annoncent l’implantation d’une deuxième enseigne de grande distribution,La Ferme du Sart, devenue O’Tera(voir plus bas), à Wambrechies (10 000 habitants, à sept kilomètres au nord de Lille).
* Cinq exploitations de la commune ayant développé avec succès des circuits courts de vente de leurs produits (magasin à la ferme, marchés fermiers, entre autres) se regroupent et font part de leurs craintes au maire de la commune,
Des produits fermiers vendus par les fermiers
* Avec le soutien et l’accompagnement du Civam Nord-Pas de Calais(1), le groupe ne s’apitoie pas sur son sort et cherche une réponse pertinente pour répondre au projet d’implantation de l’enseigne de grande distribution : «Et pourquoi pas nous ?». En effet, qui de plus pertinent pour vendre des produits fermiers que les agriculteurs eux-mêmes ?
* Tous convaincus par les circuits courts, et conscients des nouveaux besoins des consommateurs, les paysans s’adaptent et envisagent la création de leur propre magasin : le projet de point de vente collectif est lancé ! Fédérés en association - «l’Union fait la ferme» - et soutenus par la commune, ils entament l’aventure de la création de leur magasin.
Un projet ambitieux
* Le chemin est long et semé d’obstacles, comme tout projet ambitieux. Pour le concrétiser, il aura fallu cinq années de démarches administratives, réunions, formations, voyages d’étude mais aussi, et surtout, d’échanges et de partage pour apprendre à se connaître, à travailler ensemble, dans la même direction.
* Aujourd’hui, le collectif, constitué de douze fermes et d’un artisan boulanger est fier de voir le bâtiment enfin sorti de terre. Les 600 m2 sont répartis pour moitié en un magasin et pour moitié en un atelier de transformation qui permettra de préparer la viande et les plats cuisinés directement sur place, pour un circuit de vente toujours plus court !
* Les consommateurs de Wambrechies et des alentours pourront désormais faire l’ensemble de leurs courses alimentaires en un même lieu (fruits et légumes, produits laitiers, viande, pain et bien d’autres !) en présence des agriculteurs eux-mêmes.
* En effet, ces derniers, fidèles à leur volonté commune de renforcer le lien producteur-consommateur, tiendront des permanences à tour de rôle, pour vendre et conseiller au mieux les clients.
* Le magasin Talents de fermesest ouvert depuis le 19 août, inauguré officiellement le 5 septembre.
O'TERA = UN COMBAT LOIN D’ÊTRE TERMINÉ
*Talents de fermespropose fruits et légumes (bio ou pas), viandes (bœuf, porc, veau, volaille), œufs, fromages, produits laitiers, glaces… Sans compter d’autres produits artisanaux « hébergés » : soupes, pâtes, huiles de colza, foie gras, vin, champagne… Soit un millier de références et l’embauche de cinq personnes.
* Pour Antoine Jean, porte-parole régional de la Confédération paysanne : «C’est grâce à la mobilisation d’un élu écolo opposant au maire de Wambrechies et de la Conf’ - que l’élu a alertée - que le maire à pris peur face à la tournure des événements, a fait marche arrière et a refusé de signer le permis de construire du deuxième magasin du PDG de Décathlon, Mathieu Leclerc. Mais il faut continuer et se battre contre l’implantation d’autres magasins dans le Nord-Pas-de-Calais, car à l’instar de l’usine des 1000 vaches, le promoteur désire se développer dans toute la France, le directeur général d’O’Tera annonçant sur France 2, en juillet (à partir de la 23e minute), un objectif de... 10.000 implantations !»
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(1) - Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural, membre aux côtés – entre autres – de la Confédération paysanne, du réseau Inpact (Initiatives paysannes pour une agriculture citoyenne et territoriale) du Nord-Pas-de-Calais.