Web
Analytics Made Easy - StatCounter

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

ontologie - Page 13

  • ECOLE ? DANGER EN AFGHANISTAN !

    http://envoye-special.france2.fr/index-fr.php?page=reportage-bonus&id_article=1676

    cliquer sur le lien pour voir la vidéo

    Un reportage de Gilles Jacquier

    Prendre le chemin de l’école, une routine partout dans le monde mais pas en Afghanistan. Shamsia en sait quelque chose. Vitriolée par les Talibans, cette jeune écolière a été brûlée vive à l’acide. Gilles Jacquier est parti pour Envoyé spécial dans la province de Kandahar à la rencontre de ces écolières et de ces professeurs qui chaque jour défient l’ordre des Talibans : 8 ans après la chute de leur régime, les étudiants en religion s’opposent toujours à l’école. L’insurrection menée par ces fondamentalistes a désormais, pour cible de guerre, l’éducation. Assassinats de professeurs, écoles brûlées, les attaques se multiplient et les soldats de la coalition doivent faire face à un nouveau front. Dans la province de Kandahar, l’insécurité oblige même les familles à cacher leurs enfants pour apprendre. La pauvreté, l’analphabétisme, et la loi tribale multiplient les obstacles à l’éducation…

  • TEMOIGNAGE DE DEUX ANCIENS ENFANTS SOLDAT

    4
    4
    China Keitetsi a 28 ans. Pendant près de treize ans, elle a été une enfant soldat avec, pour seule amie, sa Kalachnikov. Portrait de cette jeune femme qui fait de la protection de l'enfance son nouveau combat.

    enfant soldat.jpg
    La casquette de Gavroche vissée sur la tête, China vous accueille le sourire aux lèvres, heureuse de pouvoir témoigner pour que « le monde sache ». Chez cette jeune femme au rire enfantin, rien ne trahit son passé d'ancien soldat et de garde du corps pour le général Kashillingi, un proche de Museveni, le président ougandais. Pourtant, dans ces yeux noirs en amande, qui lui ont valu le surnom de China lors de son entrée dans l'armée de résistance nationale (NRA) lorsqu'elle avait à peine 9 ans, brille la force de ceux qui peuvent défier le monde.

    L'horreur au quotidien

    En 1984, alors qu'elle avait fui un foyer de violence à la recherche d'une mère qu'elle n'avait pas connue, elle a été recrutée de force dans les troupes de la NRA, groupe rebelle dirigé par Museveni afin de renverser le pouvoir en place en Ouganda. China n'a que 9 ans. Jouer au soldat l'amuse au début, avant qu'elle ne découvre la dure réalité de cette vie. La violence, les viols, la drogue, la mort, la perte de ceux qu'elle aime. En 1986, Museveni prend le pouvoir et China entre dans la police militaire.

    La peur de fuir

    Pendant plus de dix ans, China n'a eu qu'une seule famille, son fusil-mitrailleur : «C'est ton bien le plus précieux, ton père et ta mère». Lorsqu'elle le perd un jour, elle s'enfuit, par peur de l'exécution qui menace ceux qui se séparent de leur arme. Fuir l'enfer de la guerre, China a bien tenté de le faire, mais comment vivre «normalement» ? Comment retourner à l'école, redevenir une enfant lorsque l'on ne l'a jamais vraiment été ? Habituée au pouvoir que l'uniforme et la Kalachnikov lui procuraient, elle n'était «plus rien» qu'une ancienne enfant-soldat à l'allure de garçon. Elle est alors repartie vers ce monde qui était le sien, puisqu'elle ne connaissait que lui.
    «Vos instructeurs décident de votre vie, pour vous, ils sont Dieu, ils ont tout le pouvoir sur vous.» Que pouvait-elle espérer trouver, dans la vie civile ? «Il n'y a pas d'avenir pour les enfants-soldats.» Aucune issue pour eux, qui ne connaissent que la violence des camps militaires. «Je ne me voyais pas comme une enfant, mais comme un soldat. J'avais tué. Le retour à la vie civile me semblait impossible. J'avais perdu ce qui était normal pour moi. A l'armée, vos chefs vous entraînent, vous conditionnent, pensent pour vous. Vous dites "yes, sir !" et vous exécutez. Dans la vie civile, je devais penser seule et c'était trop dur.»

    Les violences sexuelles

    Comme les 300 000 enfants soldats recensés dans le monde selon l'Unicef, China n'a connu que la violence. «Le pire, chaque jour, est de savoir qu'il n'y a pas d'autre horizon, que le lendemain sera pareil.» Elle fume cigarette sur cigarette. Parle à demi-mot des violences sexuelles infligées aux jeunes filles par leurs supérieurs. «Chaque soir, j'appréhendais. On me disait : "Viens me rejoindre !" Comment y échapper ?» A 14 ans, elle accouche de son premier enfant, un fils, fruit du seul amour qu'elle a connu, le lieutenant colonel Drago, mort depuis. En 1995, elle fuit son pays pour l'Afrique du Sud, où elle accouche de sa fille. Enlevée par les services secrets ougandais, elle est torturée et finit par s'enfuir. China ne doit son salut qu'au soutien du HCR, qui lui permet de partir pour le Danemark.

    La renaissance

    Après une longue psychothérapie, elle a réappris à vivre. Elle sait qu'elle ne pourra jamais rattraper ces années qui lui ont été volées. Elle découvre l'amour, le respect, «pour rien, juste parce que tu es une personne». Au Danemark, personne ne porte d'arme et elle peut enfin vivre sans son pistolet-mitrailleur. Le plus difficile aujourd'hui pour elle : «apprendre à devenir une femme». Elle a porté un uniforme pendant dix ans, n'a jamais eu de dignité de femme. Pendant toutes ces années, elle a été à tour de rôle un objet sexuel et une machine de guerre : «Tu deviens un homme.» Il y a tellement de choses à réapprendre : se laver, se regarder, s'aimer. Pendant longtemps, elle a vécu avec la peur que son fils, resté en Ouganda, soit lui aussi enrôlé, même si elle préférait «ne pas y penser sinon [elle] serait devenue folle». Aujourd'hui, elle l'a retrouvé et tente de faire venir sa petite fille, qui vit en Afrique du Sud. Avec son fils, elle joue au football, et elle a parfois l'impression que «nous sommes deux enfants».

  • DEFI A LA PUDEUR DE GERARD BONNET

    Gérard Bonnet, psychanalyste et auteur du livre «Défi à la pudeur : quand la pornographie devient l’initiation sexuelle des jeunes »

    Interview

    Source : http://www.prostitutionetsociete.fr

    1832329779.jpg

    "Au moment où se développe un mouvement de libération des femmes, on assiste à une vengeance des hommes face aux exigences et aux revendications féminines..."

    La pornographie touche de plus en plus les enfants et les adolescents. Pour Gérard Bonnet, psychanalyste et auteur du livre «Défi à la pudeur : quand la pornographie devient l’initiation sexuelle des jeunes », il est urgent de réagir et de réfléchir à notre responsabilité collective ; et de réhabiliter le sexe féminin face à un repli généralisé sur le phallus tout-puissant.

    Quelles conséquences a la pornographie pour les enfants et adolescents à qui elle sert désormais d’initiation sexuelle ?

    L’exhibitionnisme pornographique dans lequel nous vivons, et dont la publicité est devenue le fer de lance, a des conséquences graves et sous-estimées. On voit apparaître un comportement où la fille est pour les garçons un objet à consommer, où elle est utilisée pour les partouzes, les plaisirs immédiats, les viols collectifs. La pornographie court-circuite un temps essentiel de la petite et de la moyenne enfance. L’enfant accède à des formes de plaisir, plaisirs de la bouche, plaisir anal, tout ce que nous appelons les plaisirs pulsionnels, qui sont de l’ordre des satisfactions sensitives, mais il ne peut pas encore accéder au sexe génital. Il imagine ce que font les adultes, il se construit, mais sa sexualité génitale est purement fantasmatique. Cette période est d’une importance capitale.

    C’est elle qui lui permet, lorsqu’il accède à la génitalité vers 13/14 ans, de disposer d’un matelas d’imaginaire qui permet la rencontre et la rend plus souple, plus amoureuse ; le corps n’arrivera que comme un aboutissement.

    Une véritable censure pèse pourtant sur la pornographie, dont on peut à peine débattre sous peine de passer pour un tenant de l’ordre moral…

    J’ai été frappé, moi qui ai écrit pas mal de livres, de voir des libraires mal à l’aise pour exposer celui-ci. Il n’est pas dans le courant. Je suis pourtant très bien reçu par mes collègues ; face à la pornographie, un mouvement se dessine tout de même ; il ya trop de dysfonctionnements, trop de malheurs qui en résultent. Mais il faut aller contre la facilité et contre les puissances d’argent. J’étais bien placé, moi qui passais plutôt pour quelqu’un qui excusait les pervers…

    En tant qu’analyste, quand un pervers vient me voir, je ne lui dis pas "vous êtes un salaud". Mais aujourd’hui, ce ne sont plus les pervers et les exhibitionnistes qui ont besoin qu’on les défende ; ils ont pignon sur rue. Ce qui était un drame pour eux est devenu un drame pour leurs victimes. Et il s’agit, au-delà de victimes individuelles, d’une victime collective qui est l’enfance et l’adolescence ; c’est l’embrigadement des forces vives de notre société.

    Embrigadement, et même asservissement, dites-vous dans votre livre…

    Il s’agit d’un phénomène de génération. Les gens de 68 ont dit s’être libérés sexuellement. Résultat, ils sont paumés, en pleine déroute de repères. Leur désarroi, leur angoisse, ils l’imposent aux enfants en leur infligeant leur sexualité à l’état brut ; en plaquant sur eux leur problème non résolu. Les enfants ne sont pas préparés, ils n’en ont pas envie, mais naturellement ils sont attirés par le sexe. Ils ne se rendent pas compte qu’ils se laissent asservir. Et comme ils semblent consentants, on ne voit pas où est le problème.

    C’est ce que disent les pédophiles : il avait l’air content, il était d’accord. L’enfant est embrigadé, il croit l’adulte tout-puissant. Après coup seulement, il se rend compte qu’il a été floué. C’est d’autant plus difficile pour lui que, face à un vrai pervers, on peut dire que c’est un salaud ; face à la pornographie, on ne peut pas se défendre.

    Alors que la pornographie affiche tous les dehors de la "modernité" et de la "libération", vous parlez d’un "retour en arrière effréné".

    Il s’agit en effet d’un retour en arrière. Et d’un carcan qui ne vaut guère mieux que celui des interdits qui l’a précédé. Du fait de la mondialisation, les individus angoissés se replient sur le sexe, la seule chose dont ils soient encore sûrs. Et les hommes, sur leur phallus ; là, je peux jouir, je peux m’imposer et avoir pouvoir sur l’autre. C’est une régression. On se replie sur des valeurs matérielles, on croit être heureux parce qu’on peut jouir de tout.

    Or, la jouissance matérielle, on le voit avec la drogue, entraîne l’asservissement. Dépendre d’un objet pour trouver son plaisir, c’est tomber dans l’addiction. L’addiction, y compris en matière de sexe, entraîne une dépendance et peu à peu une régression vers les comportements les plus élémentaires. La libération serait de trouver plus de richesse, de vie, d’humanité dans le sexe. Or, on le déshumanise complètement.

    Selon vous, notre civilisation de l’image met en péril l’égalité des sexes ?

    Les organes sexuels masculins sont dans l’évidence, dans l’exhibition. Le voir favorise la sexualité masculine. Dans la période cruciale où les petites filles se rendent compte de leur anatomie, elles sont mal à l’aise parce qu’elles cherchent ce qu’elles ne voient pas. Il faut les faire évoluer pour qu’elles sachent que ce qu’elles n’ont pas en extériorité, elles l’ont en intériorité et même qu’elles ont là une richesse que l’homme n’a pas.

    Cette difficulté rejoint les erreurs de l’éducation sexuelle à l’école, restée au niveau des schémas organiques, et qui fait croire aux filles qu’elles n’ont rien. La domination de l’image et du voir est incontestablement une domination machiste. Au moment où se développe un mouvement de libération des femmes, on assiste à une vengeance des hommes face aux exigences et aux revendications féminines ; c’est une façon de dire vous pouvez toujours courir, c’est nous qui avons l’argent, le pouvoir, le phallus.

    Quels liens faites-vous entre pornographie et prostitution ?

    Étymologiquement, le mot a la même racine. Les deux procèdent du même circuit, de la même mentalité. La pornographie, c’est acheter un corps de femme par image interposée et le consommer ensemble. Elle se fonde sur des scénarios machistes et entretient une image de la sexualité de type prostitutionnel. L’homme consomme de la femme. Ce n’est pas une rencontre, pas un échange, mais un homme qui possède une femme et se permet tout. Et quand la femme change de statut, par exemple dans le scénario sado-masochiste, c’est la même chose que dans la prostitution. Il y a un très grand parallélisme à faire et lutter contre l’un ne sert à rien si l’on ne lutte pas contre l’autre. Le climat pornographique actuel encourage clairement le recours à la prostitution.

    Vous proposez de remettre le sexe féminin au centre de la problématique.

    Rien de moins que la révolution… L’art est capable de dire la beauté du sexe féminin. Face à l’art phallique, écrasant, il faut privilégier un art qui met la femme au centre de la perspective. Pas forcément son sexe au sens réel, mais sa féminité, son intériorité. Les plus grands peintres l’ont fait. Il ya une éducation possible. On peut aider les jeunes à entretenir leur sens critique, leur sens de la dérision, leur mépris pour la dévalorisation du sexe. Eduquer leur goût esthétique serait aussi fondamental que l’éducation sexuelle. Toutefois, c’est plus facile à l’échelle d’une famille qu’à l’échelle d’une société. Beaucoup de jeunes s’en sortent grâce au climat humain et familial qui les entoure. Il ne faut pas être pessimiste. Mais dénoncer, parler. On est du côté de l’humain, on ne défend pas une morale, mais notre humanité, des siècles de culture, de recherche pour ne pas être esclave de la matérialité du sexe.

    Pour justifier la prostitution, on invoque toujours un "besoin sexuel" irrépressible des hommes. Qu’en pensez-vous ?

    Quand un homme a ce matelas d’imaginaire dont je parlais, il pourra vivre des frustrations, réinvestir ce monde-là. L’idée que les hommes auraient un besoin sexuel irrépressible, une pulsion non maîtrisable, est parfaitement fausse. La sexualité est d’autant plus riche qu’on a su se contenir et l’investir au niveau imaginaire. Et trouver comment avoir du plaisir sans transformer l’autre à l’état d’objet.