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World Peace - Page 72

  • QU'EST-CE QUE LA NON-VIOLENCE ? PAR LE DR HY

     

    Par le Dr Trinh Dinh Hy

    La non-violence peut revêtir deux significations :

    1. L’abstention de toute violence, dans quelque domaine que ce soit.

    2. Le principe de conduite en vertu duquel on renonce à la violence comme moyen d’action politique.

    GANDHI.jpgLe principe de non-violence est appelé en Inde a-himsa (privatif de himsa = nuire, endommager), mot qui peut ainsi avoir une traduction courante : non-violence, ou une traduction technique : non-nuisance.

    En dépit des entorses dans la pratique quotidienne, ahimsa reste une des valeurs fondamentales de la civilisation indienne.

    Dans le Bouddhisme, elle revêt une importance capitale, car la première observance des cinq règles morales (sila, gio’i) du pratiquant bouddhiste est de "s’abstenir de tuer, d’attenter à la vie (avihimsa, không giê’t ha.i)". Cette règle est fondée sur la croyance au cycle de renaissances (samsara, luaân hoài), à l’idée que tous les êtres sont à la fois interdépendants par la loi de la production conditionnée (pratitya-samutpada, ly’ duyen khoi) et des manifestations de la Vacuité (sunyata, Khoâng). Ce sont aussi les vertus cardinales bouddhiques de l’amour universel et la compassion (maitri, karuna, tu` bi), qui incitent naturellement au respect de la vie.

    Dans le Jaïnisme, l’ahimsa est poussé jusqu’à l’extrême. Le premier grand voeu de l’adepte Jaïn est de renoncer solennellement à léser ou endommager la moindre parcelle de vie (jiva), si humble soit-elle. Ainsi voit-on encore en Inde des adeptes Jaïn balayer devant leur passage pour ne pas écraser des insectes en marchant, porter des masques pour ne pas les inhaler, boire de l’eau sans le bouillir pour ne pas tuer les micro-organismes...

    Malgré ce côté excessif, il faut reconnaître que, comme beaucoup de termes privatifs en sanskrit, ahimsa peut avoir des implications positives dans divers aspects de la vie.

    Ahimsa ne signifie pas seulement la non-nuisance, mais encore le respect de toutes les formes de vie, la bienveillance, la compassion envers tous les êtres vivants. "L’ahimsa n’est pas la chose simple et grossière qu’on a dépeinte. Ne faire de mal à aucun être vivant est sans doute une partie de l’ahimsa, mais ce n’en est que le plus petit aspect. Le principe de l’ahimsa est enfreint par toute pensée mauvaise, par toute hâte injustifiée, par la haine, le mensonge, le fait de souhaiter du mal à quiconque. On le viole également lorsque l’on retient pour soi ce dont le monde a besoin" (LA).

    C’est peut-être justement cet esprit qui nous manque actuellement, dans cette société post-industrielle où seule compte la productivité immédiate pour l’homme, au dépens des autres êtres vivants, de la nature, de la planète Terre elle-même...

    Quand l’homme moderne prendra t-il enfin conscience que ne pas nuire aux autres, c’est aussi ne pas nuire à soi-même ?

    En fait, le principe de non-violence n’est pas l’apannage de l’Inde. Prêché et appliqué dès l’antiquité par de grand sages comme le Bouddha, Mo-tseu, Jésus-Christ, et certains stoïciens, il a été systématisé par Gandhi au XXè siècle, en vue d’objectifs politiques et sociaux (l’indépendance de l’Inde, l’abolition des castes, la réconciliation hindoue-musulmane), et ainsi devenu un instrument de combat d’une redoutable efficacité.

    Plus tard, des luttes, comme pour l’indépendance de l’Irlande, l’égalité raciale des noirs aux USA (conduite par le pasteur Martin Luther King, lui aussi assassiné comme Gandhi par un extrêmiste), contre la misère en Sicile, contre la guerre d’Algérie en France, contre l’apartheid en Afrique du Sud, contre l’occupation du Tibet, contre l’oppression religieuse en général, se sont inspirées de ce principe de non-violence.

    C’est en quelque sorte la "force du faible", l’ultime recours devant un combat à armes inégales. En subissant la violence et en refusant d’y répondre, on brise cet enchaînement de violence, en le faisant comprendre à son adversaire et à l’opinion publique. Le scandale de l’oppression, de l’injustice ainsi dévoilé, touche les coeurs, ouvre les yeux, réveille la conscience morale de l’adversaire ainsi que de l’opinion publique, qui à son tour fait pression sur celui-ci. Finalement, ne pouvant plus persister dans la voie de la violence, l’adversaire se résoud à admettre son erreur et baisse les armes, dans une sorte de conversion à la paix, et non pas avec un esprit de défaite et de revanche.

    La non-violence n’a rien d’une passivité, d’une résignation, encore moins d’une lâcheté. "La non-violence, disait Gandhi, ne consiste pas à ’s’abstenir de tout combat réel, face à la méchanceté’. Au contraire, c’est une forme de lutte plus énergique et plus authentique que la simple loi du talion, qui aboutit à multiplier par deux la méchanceté "(THF)... "Je n’hésite pas à dire que là où existe seulement le choix entre la lâcheté et la violence, il faut se décider pour la solution violente" (THF).

    La non-violence est au contraire souvent un acte héroïque et exige une grande maîtrise de soi, une grande force d’âme.

    "Pour devenir une force réelle, la non-violence doit commencer avec l’esprit. La non-violence qui n’embrasse que le corps, et dans laquelle l’esprit ne collabore pas, est celle du faible et du lâche ; il ne peut en sortir aucune puissance" (YI.2).

    Alors que "la violence ne libère pas de la peur, mais cherche à combattre les causes de la peur, la non-violence au contraire est exempte de toute peur" (THF)... "La non-violence a pour condition préalable le pouvoir de frapper. C’est un refrènement conscient et délibéré du désir de vengeance que l’on ressent. La vengeance est toujours supérieure à la soumission passive, impuissante, mais la vengeance est aussi faiblesse" (YI.1).

    Les moyens qu’utilise la lutte non-violente, comme la résistance passive, la désobéissance civile, la non-coopération, la grève générale, les marches symboliques (comme la "Marche du Sel") exercent certes une forte pression, mais une pression d’ordre moral. "La résistance passive est une méthode qui consiste à protéger ses droits par l’acceptation de la souffrance ; c’est le contraire de la résistance par les armes. Lorsque je refuse de faire quelque chose parce que cela répugne à ma conscience, je fais usage de la force de l’âme" (HS)...

    Ainsi, la non-violence est une arme humaine par excellence, car elle rend plus humains ceux qui l’utilisent et ceux qui la subissent.

    Elle n’est cependant utilisable que pour servir une bonne cause, une cause généreuse, désintéressée. Comme le disait Gandhi, "Je peux jeûner contre mon père pour le guérir d’un vice, mais pas pour obtenir de lui un héritage".

    Elle s’appuie avant tout sur ce que tous les sages n’ont cessé de tenir comme but, satyagraha (la force de la Vérité).

    Car comme le disait Vinoba Bhave, disciple de Gandhi et ardent défenseur des pauvres, "Le champ de bataille de la non-violence, c’est le coeur de l’homme".

    Citons encore pour finir Gandhi, l’apôtre du XXè siècle de la non-violence, celui qui a su par la force de son âme libérer un grand peuple, sans l’entraîner dans un océan de larmes et de sang :

    "La non-violence est la plus grande force que l’humanité a à sa disposition. Elle est plus puissante que l’arme la plus destructrice inventée par l’homme. La destruction ne correspond nullement à la loi des hommes. Vivre libre c’est être prêt à mourir, s’il le faut, de la main de son prochain, mais jamais à le tuer. Quelle qu’en soit la raison, tout meurtre ou autre atteinte à la personne est un crime contre l’humanité " (MM).

    Citations de Gandhi :

    (HS) Leur civilisation et notre délivrance (Hind Swaraj, or Indian Home Rule, 1938)

    (LA) Lettres à l’Ashram (From Yeravda Mandir, 1937)

    (MM) The Mind of Mahatma Gandhi, 1945

    (THF) Tous les hommes sont frères (All Men are Brothers, 1958)

    (YI.1) Young India, 12 Août 1926

    (YI.2) Young India, 2 Avril 1931

  • LES INSOUMISES : CES FEMMES QUI DEFENDENT LA MODERNITE A LEUR RISQUE ET PERIL

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    Dans des sociétés où le poids de la tradition est encore énorme, ces femmes se battent pour la démocratie, la liberté, la laïcité, les droits des femmes, bref, pour tout ce qui constitue la modernité, souvent à leur risque et péril.

    A propos des interviewées:

    Ibtihal Abdelaziz Al-khatib est universitaire libérale au Koweit. Elle défend la laïcité et la mixité dans les écoles. Elle a fait l'objet d'une virulente campagne de menaces de la part des islamistes qui a touché également sa famille.


    Aifa Al-Mansour est la première femme cinéaste en Arabie Saoudite. Ses films ont provoqué la colère des islamistes en Arabie Saoudite.

    Rajaa Alsanea est romancière saoudienne. Elle est accusée par les islamistes de faire "le jeu de l'ennemi de l'islam", pour avoir publié un roman "Les Filles de Riyad" dans lequel la romancière aborde le sujet tabou des relations hommes-femmes.

    Amal Albasha est à l'origine de la création de Sisters Arabic Forum For Human Rights, une ONG basée au Yémen qui interpelle les gouvernements du monde arabe pour qu'ils changent les lois discriminatoires envers les femmes.

    Alia Shouaïb est écrivain et professeur d'éthique à l'université de Koweït. Elle est accusée par les islamistes de produire des "écrits immoraux."

  • ECOLE ? DANGER EN AFGHANISTAN !

    http://envoye-special.france2.fr/index-fr.php?page=reportage-bonus&id_article=1676

    cliquer sur le lien pour voir la vidéo

    Un reportage de Gilles Jacquier

    Prendre le chemin de l’école, une routine partout dans le monde mais pas en Afghanistan. Shamsia en sait quelque chose. Vitriolée par les Talibans, cette jeune écolière a été brûlée vive à l’acide. Gilles Jacquier est parti pour Envoyé spécial dans la province de Kandahar à la rencontre de ces écolières et de ces professeurs qui chaque jour défient l’ordre des Talibans : 8 ans après la chute de leur régime, les étudiants en religion s’opposent toujours à l’école. L’insurrection menée par ces fondamentalistes a désormais, pour cible de guerre, l’éducation. Assassinats de professeurs, écoles brûlées, les attaques se multiplient et les soldats de la coalition doivent faire face à un nouveau front. Dans la province de Kandahar, l’insécurité oblige même les familles à cacher leurs enfants pour apprendre. La pauvreté, l’analphabétisme, et la loi tribale multiplient les obstacles à l’éducation…