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Depuis cinq ans, depuis que l'un de ses fils a été kidnappé et que son corps a été retrouvé mutilé sur une plage de Libreville, le professeur Ebang Ondo se bat contre cette barbarie d'un autre âge.
Aujourd'hui, l'Association de lutte contre les crimes rituels au Gabon fête son 5° anniversaire.
Son président, Jean-Elwis Ebang Ondo, répond aux questions de Christophe Boisbouvier (RFI).
QUAND LA FEMME EST GRILLAGEE TOUTES LES FEMMES SONT OUTRAGEES Écoutez ma chanson bien douce, Que Verlaine aurait su mieux faire, Elle se veut discrète et légère, un frisson d’eau sur de la mousse. C’est la complainte de l’épouse, de la femme derrière son grillage, Ils la font vivre au Moyen-âge. Que la honte les éclabousse.
Quand la femme est grillagée, toutes les femmes sont outragées, les hommes les ont rejetées dans l’obscurité…
Elle ne prend jamais la parole. En public ce n’est pas son rôle. Elle est craintive, elle est soumise, pas question de lui faire la bise On lui a appris à se soumettre. A ne pas contrarier son maître. Elle n’a droit qu’à quelques murmures, les yeux baissés sur sa couture.
Quand la femme est grillagée, toutes les femmes sont outragées, les hommes les ont rejetées dans l’obscurité…
Elle respecte la loi divine, qui dit par la bouche de l’homme, que sa place est à la cuisine, et qu’elle est sa bête de somme. Pas question de faire la savante. Il vaut mieux qu’elle soit ignorante. Son époux dit que les études sont contraires à ses servitudes.
Quand la femme est grillagée, toutes les femmes sont outragées, les hommes les ont rejetées dans l’obscurité…
Jusqu’aux pieds sa burqa austère, est garante de sa décence elle prévient la concupiscence, des hommes auxquels elle pourrait plaire. Un regard jugé impudique serait mortel pour la captive. Elle pourrait finir brûlée vive, lapidée en place publique.
Quand la femme est grillagée, toutes les femmes sont outragées, les hommes les ont rejetées dans l’obscurité…
Jeunes femmes larguez les amarres, refusez ces coutumes barbares. Dites non au manichéisme, au retour à l’obscurantisme. Jetez ce moucharabieh triste, né de coutumes esclavagistes, et au lieu de porter ce voile, allez vous-en, mettez les voiles.
Quand la femme est grillagée, toutes les femmes sont outragées, les hommes les ont rejetées dans l’obscurité…
AU NOM DE DIEU Depuis la nuit des temps On s'étripe gaiement Au nom de Dieu. On continue pourtant En faisant toujours mieux. Il est jamais content. On lui a fait des églises Pour calmer son courroux Couroucoucou, Des temples et des Mecque Ou des femmes et des mecs L'honorent à genoux.
Parmi tous ces mordus Ces millions de fanas Toutes ces brebis Y a ceux qui adorent Jésus Ceux qui préfèrent Allah D'autres leur canari. Si t'es athée, sais-tu Pour ces gars, t'es foutu. Turlututu. Ils disent que tu te goures Et que Dieu est amour Et après, ils te tuent.
On brûla les sorciers Les homos, sans-papiers Les francs-maçons Et, même, on fit becqueter A de pauvres lions Blandine et les Garçons. Le Bon roi Saint-Louis Massacra les harkis Jusqu'à Tunis Puis revint sous le gui Mettre l'étoile aux Juifs Et rendre l'injustice.
Charles-Neuf, le catho Offrit aux parpaillots Au nom de Dieu La Saint-Barthélemy. Les Irlandais, depuis N'ont pas fait beaucoup mieux. Monsieur Christophe Colomb Qui, l'vendredi, n'aimait Que le poisson Grilla au chalumeau Tous les Géronimo Qui mangeait du bison.
"Pas de préservatif." Dit le souv'rain Pontife Au nom de Dieu Et cette manière sage De réduire le chômage En fit un homme heureux. Pis y a ces fous de Dieu Qui, au nom d'la vertu Chapeau pointu Egorgent bravement Des femmes et des enfants En lisant le Coran.
Depuis la nuit des temps On s'étripe gaiement Au nom de Dieu. On continue pourtant En faisant toujours mieux. Il est jamais content. Si ce Dieu juste et bon N'envoie ses oraisons Qu'à des tueurs Doit-on penser qu'alors L'oraison du plus fort Est toujours la meilleure ? Doit-on penser qu'alors L'oraison du plus fort Est toujours la meilleure ?
LA BETE EST REVENUE Sait-on pourquoi, un matin, Cette bête s'est réveillée Au milieu de pantins Qu'elle a tous émerveillés En proclamant partout, haut et fort : "Nous mettrons l'étranger dehors" Puis cette ogresse aguicheuse Fit des clones imitatifs. Leurs tirades insidieuses Convainquirent les naïfs Qu'en suivant leurs dictats xénophobes, On chasserait tous les microbes.
Attention mon ami, je l'ai vue. Méfie-toi : la bête est revenue ! C'est une hydre au discours enjôleur Qui forge une nouvelle race d'oppresseurs. Y a nos libertés sous sa botte. Ami, ne lui ouvre pas ta porte.
D'où cette bête a surgi, Le ventre est encore fécond. Bertold Brecht nous l'a dit. Il connaissait la chanson. Celle-là même qu'Hitler a tant aimée, C'est la valse des croix gammées Car, pour gagner quelques voix Des nostalgiques de Pétain, C'est les juifs, encore une fois, Que ces dangereux aryens Brandiront comme un épouvantail Dans tous leurs sinistres éventails.
Attention mon ami, je l'ai vue. Méfie-toi : la bête est revenue ! C'est une hydre au discours enjôleur Qui forge une nouvelle race d'oppresseurs. Y a nos libertés sous sa botte. Ami, ne lui ouvre pas ta porte.
N'écoutez plus, braves gens, Ce fléau du genre humain, L'aboiement écoeurant De cette bête à chagrin Instillant par ces chants de sirène La xénophobie et la haine. Laissons le soin aux lessives De laver plus blanc que blanc. Les couleurs enjolivent L'univers si différent. Refusons d'entrer dans cette ronde Qui promet le meilleur des mondes.
Attention mon ami, je l'ai vue. Méfie-toi : la bête est revenue ! C'est une hydre au discours enjôleur Dont les cent mille bouches crachent le malheur. Y a nos libertés sous sa botte. Ami, ne lui ouvre pas ta porte. Car, vois-tu, petit, je l'ai vue, La bête. La bête est revenue.